Newton
s'est beaucoup intéressé à l'alchimie,
comme en témoignent de nombreux manuscrits, conservés
pendant deux siècles et demi dans une malle et achetés
en partie, lors d'une vente aux enchères en 1936, par
l'économiste John Maynard Keynes. Leur étude
attentive n'a été cependant développée
que depuis une vingtaine d'années, notamment grâce
aux travaux de R.S. Westfall (la Force dans la physique
newtonienne, 1971) et de Betty Jo T. Dobbs (les Fondements
de l'alchimie de Newton, 1975).
D'un tempérament plutôt mystique, Newton a laissé
des milliers de pages sur des questions bibliques où
l'on trouve entre autres une argumentation contre la doctrine
de Saint Trinité, des réflexions sur les Prophéties
et des travaux sur l'interprétation de l'Apocalypse.
Il cherchait la confirmation littérale dans la Bible
de datations astronomiques et pensait que le monde avait été
créé recemment, probablement pas avant l'an
4004 avant J-C, date qu'avait fixé l'archevêque
Usher d'après l'Ancien Testament.
En dehors de ces travaux alchimiques, Newton, cherchant à
constituer un langage universel, a également porté
une très grande attention aux recherches théologiques
(il se montre, dans ses carnets, proche de l'hérésie
arienne, qui refusait le dogme de la Trinité) et à
l'étude des prophéties. Il a rédigé,
notamment: Observations Upon the Prophecies of Daniel
and the Apocalypse of St. John, un traité publié
en 1733. Son analyse des textes bibliques et grecs le conduisait
à penser que la science qu'il élaborait n'était
qu'une redécouverte des intuitions, voire des «secrets»
des Anciens. A travers ces écrits se dessine une figure
plus complexe que celle que la seule lecture des grands textes
pourrait suggérer, celle, selon les mots mêmes
de Keynes, du «dernier des magiciens», du dernier
esprit à avoir contemplé le monde visible avec
les yeux des Babyloniens et des Sumériens.