Marées,
aplatissement de la Terre aux pôles, retour de la comète
de Halley, découverte de Neptune, les confirmations
de la théorie newtonienne étaient si nombreuses
qu'Henri Poincaré put écrire en 1915 : «La
mécanique céleste n'a pas d'autre objet que
les vérifications sans cesse approfondies de la loi
newtonienne d'attraction». Seul bémol à
ces succès répétés, une petite
irrégularité dans le mouvement de Mercure :
son périhélie tourne très lentement,
de 575 secondes de degré par siècle.
Or tous calculs newtoniens faits, les perturbations gravitationnelles
engendrées par les autres planètes induisaient
un déplacement de 532 secondes de degré. Restaient
inexpliquées 43 petites secondes de degré par
siècle, soit 8 % seulement de l'effet total. Observations
et calculs étaient cependant suffisamment précis
pour qu'un désaccord aussi faible ne pût être
ignoré.
Urbain Le Verrier y vit même la preuve de l'existence
d'une planète très proche du Soleil, la fantomatique
Vulcain. Mais ce sont en réalité des considérations
toutes théoriques qui amenèrent Einstein à
s'interroger sur la validité de la théorie newtonienne.
Celle-ci implique le caractère instantané de
l'action à distance. «Hypotheses non fingo»
(«Je ne feins pas d'hypothèses») répondait
Newton à l'embarrassante question du «comment»
soulevée par les cartésiens sur ce point. La
théorie de la relativité restreinte élaborée
par Einstein en 1905 posait pour tout phénomène
physique une vitesse limite de propagation, égale à
la vitesse de la lumière. Il fallait donc élaborer
une nouvelle théorie de la gravitation. Einstein la
baptisa relativité générale