Les
trois lois de Newton
La
mécanique de Newton repose sur les trois célèbres
lois du mouvement définies au début du premier
volume de Philosophiae Naturalis Principia Mathematica.
Ces lois encore étudiées aujourd'hui
dans les lycées sont présentées ci-dessous. |
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Première
loi : principe d’inertie
Galilée énonce une forme imprécise
du principe d’inertie suite à ses expériences
sur un plan incliné :
« Un degré de vitesse quelconque, une fois communiqué
à un mobile, s’imprime en lui de façon indélébile
du seul fait de sa nature, et pourvu que soit supprimées
les causes extérieures d’accélération
et de ralentissement. »
Newton reformule le principe d’inertie de manière
plus rigoureuse, en ajoutant les termes exacts dans son ouvrage
Principes mathématiques de la philosophie naturelle.
« Tout corps persévère dans l’état
de repos ou de mouvement uniforme
en ligne droite dans lequel il
se trouve, à moins que quelque force
n’agisse sur lui, et ne le contraigne à changer
d’état. »
Cette loi montre qu’Aristote s’était trompé.
Une force est obligatoire pour maintenir la vitesse d’un
mobile. Newton illustre cette loi par le mouvement des projectiles,
le mouvement des toupies, et le mouvement de rotation des planètes
sur leur axe. Si le mouvement des projectiles est en accord
avec le principe d’inertie, les deux autres exemples montrent
que des corps mis en rotation, en l’absence d’autres
forces, conservent leur vitesse de rotation. C’est la
loi de conservation du moment cinétique que Newton ne
distinguait pas du principe d’inertie.
Deuxième
loi de Newton (loi fondamentale de la dynamique):
« Les changements qui arrivent dans le mouvement sont
proportionnels à la force motrice, et se font dans la
ligne droite dans laquelle cette force a été imprimée.
»
Newton n’est pas très précis dans la formulation
de sa loi. Il n’y a pas de référence au
temps. On peut se demander si F=ma, c'est-à-dire si la
force est proportionnelle à l’accélération
ou si F=mΔv , la force est proportionnelle à la
variation de vitesse.
Troisième
loi (action/réaction):
« L’action est toujours égale et opposée
à la réaction ; c'est-à-dire que les actions
de deux corps l’un sur l’autre sont toujours égales,
et dans des directions contraires. »
Alors que Hooke dit que le Soleil exerce une force sur les planètes,
Newton affirme que les planètes exercent une force de
même intensité et de sens contraire sur le Soleil.
La
loi de gravitation universelle
Rapide
survol des lois de Kepler sur les mouvements des planètes
autour du Soleil :
Kepler
reprend les notes de son professeur Tycho Brahe établies
à partir de l’observation de la planète
Mars, et développe les trois lois dites de Kepler
qui vont permettre de mieux comprendre la régularité
des mouvements des planètes.
Dans sa première loi, Kepler affirme que le mouvement
d’une planète autour du Soleil décrit
une orbite elliptique dont le Soleil est l’un des
foyers.
La deuxième loi de Kepler démontre qu’un
vecteur reliant le Soleil à une planète
balaie des aires égales en des temps égaux.
La troisième loi précise que les périodes
de révolution des planètes autour du Soleil
sont reliées aux longueurs des grands axes des
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orbites
elliptiques par la relation T²=ka³, où k est
une constante identique pour chaque planète du système
solaire, c'est-à-dire indépendante de la masse de
la planète.
Mais
les théories de Kepler sont rejetées par ses contemporains
en partie car les cinq planètes connues à l’époque
ont une orbite quasi circulaire.
Newton
se sert des recherches de ses prédécesseurs (Kepler,
Descartes, Galilée…).
Les lois de Kepler rendent les trois lois de Newton universelles.
D’après les travaux de Descartes, Newton se demande
quelle force retient les planètes sur leurs orbites.
Dans les Propositions 1 et 2 du premier tome des Principia,
Newton affirme que si un corps est soumis à une force
centrale, sa trajectoire obéit à la loi des aires
et réciproquement. Newton cherche à comprendre
quelle est la nature de la force qui met en mouvement une planète.
L’hypothèse est la suivante : un point P décrit
une orbite elliptique dont S est un foyer et le vecteur SP balaie
des aires égales durant des intervalles de temps égaux.
(ZR) est une droite tangente en P à la trajectoire. Q
est un point de la trajectoire, (SP) est parallèle à
(QR) et perpendiculaire à (QT).
Newton
commence par en déduire, d’après la Proposition
2, que la force qui agit sur P est centrale et dirigée
vers S.
D’après les propriétés géométriques
de l’ellipse, lorsque
Q tend vers P, QR/QT²=constante (indépendante de
P). Newton démontre cela dans « Prob.3 »,
De Motu.
Ensuite, Newton évalue géométriquement
l’intensité de la force centrale. Le mouvement
du corps lorsqu’il passe de P à Q n’étant
pas rectiligne uniforme pendant l’intervalle de temps
Δt, la force a varié d’intensité et
de direction en arrivant en Q. Par approximation, on peut considérer
que le corps est soumis à une force constante le long
de l’arc PQ, si la distance PQ et Δt sont très
petits.
On cherche alors la déviation QR pendant Δt. Galilée
a mis en évidence qu’un corps soumis à une
force constante dévie de sa trajectoire initiale, de
telle sorte que sa distance de chute est proportionnelle au
carré du temps de la chute multiplié par l’accélération.
N’ayant pas étudié l’accélération,
nous allons simplement dire que d’après la deuxième
loi du mouvement, l’accélération est proportionnelle
à la force et donc d’après ce que nous avons
vu ci-dessus: l’intensité F de la force est proportionnelle
à la limite du rapport QR/(Δt)² quand Q tend
vers P.
En termes géométriques, Δt est proportionnel
à l’aire SPQ puisque la loi des aires est vérifiée.
L’arc PQ est pratiquement confondu avec la corde reliant
P à Q car il est très petit. Donc l’aire
SPQ est égale à l’aire (SP×QT)/2 du
triangle SPQ, et Δt est proportionnel à SP×QT.
Par conséquent, F est proportionnelle à la limite
du rapport QR/(SP×QT)² quand Q tend vers P.
F=QR/(SP×QT)² > F×1/SP² = QR/QT²
or QR/QT² est une constante donc F est proportionnelle
à 1/SP² ce que l’on peut traduire par l’intensité
de la force est inversement proportionnelle au carré
de la distance SP.
D’après les deux premières lois de Kepler
et la force inversement proportionnelle au carré de la
distance responsable du mouvement, Newton conclut que l’intensité
de la force d’attraction entre deux corps de masses respectives
m et M est proportionnelle au produit des masses et inversement
proportionnelle au carré de la distance r qui les sépare,
soit : F=G.(Mm/r²)
où G est la constante universelle de gravité.
Mais
la réponse à la question que Newton s’est
initialement posée n’est pas résolue. A
cette époque, certains physiciens et philosophes de la
nature donnaient au mouvement des planètes une cause
magnétique, ou celle de tourbillons de matière
cosmique comme Descartes. Newton
pense lui que cette force est la gravité. Il donne donc
une cause commune aux mouvements des planètes et aux
chutes d’objets sur Terre : c’est la théorie
de la gravitation universelle. Pour démontrer cela calculons
la « chute » de la Lune sur Terre et la chute d’une
pomme au voisinage de la Terre pendant une seconde.
La
Lune : Soit L l’emplacement initial de la Lune, T la Terre,
r le rayon Terre-Lune, v la vitesse de la Lune sur sa trajectoire.
r=3.8.10^8m et v=1.10^3m/s.
S’il n’y avait pas d’attraction terrestre,
la Lune continuerait sa trajectoire en ligne droite, (LA).
Mais en raison de l’attraction, elle chute d’une
distance AB que l'on va apeller h. Sa véritable trajectoire
est donc LB.
D’après
le théorème de Pythagore :
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AL²+LT²=
AT²
AL²+r²=(h+r)²
AL²+r²=h²+2hr+r² les r² s’annulent.
v=d/t ? v²=(AL/t)² où t=1 seconde donc
v²=AL².
v²=h²+2hr
On calcule delta : Δ=b²-4ac
Δ=2²-0=4
x1= (-b- racineΔ)2a = -2 .
x2=(-b+ racineΔ)/2a = 0
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h=v²/2r
hlune=(1.10^3)²/(2.3.8.10^8)=1.3.10^-3m/s=1.3mm.
La Lune chute de 1.3mm en 1 seconde.
Un
objet au voisinage de la Terre chute d’environ 5m en 1
seconde ( en chute libre).
hpomme=5m
Le rapport des distances d’attraction de la Terre sur
la Lune et de la Terre sur la pomme est :
r/Rterre=3.8.10^8/6.38.10^6=60
La Lune est 60 fois plus loin du centre de la Terre que la pomme.
Le rapport des hauteurs de chute de la pomme et de la Lune sont
:
hpomme/hlune=5/1.3.10^-3=3600=60×60
La Lune est attirée 60×60 fois moins que la pomme.
Le
mouvement de la Lune et la chute d’une pomme sur Terre
sont régis par la même loi de l’attraction.
La théorie de Newton est bien universelle.
Ces
résultats sont illustrés par la fameuse expérience
du tube de Newton. Ce tube est un simple
tube dans lequel on fait le vide grâce à une pompe
à vide. On place à l'intérieur du tube
une plume et du plomb, un dispositif permet de lâcher
simultanément les objets. N'ayant pas de frottements
dûs à l'air dans le tube, la plume et le plomb
atteignent le fond du tube en même temps. Cette expérience
a aussi été réalisée sur la Lune
lors de la mission Appolo 15 avec une plume et un marteau en
1971.
Cependant
la dernière question que Newton se posait reste encore
aujourd'hui inexplicable: quelle est la cause de la gravitation?
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